On se pose souvent beaucoup de questions lorsque l’on veut mettre en place un composteur. Beaucoup d’idées reçues font penser qu’un composteur, ça sent mauvais et que ça attire les rats, bref que ce n’est rien d’autre qu’une poubelle. Il n’est pas faux que tout cela peut arriver, mais uniquement si on ne prend pas soin de son compost, nous allons voir dans cet article comment fonctionne un composteur, et comment on peut facilement recycler une bonne partie de ses déchets chez soi ou dans son quartier (il y a jamais très loin un composteur de quartier).

Le compost est le résultat d’une lente décomposition de matières organiques, mais qui est rendu possible grâce à l’équilibre de multiples éléments. On pourrait facilement faire un parallèle avec la cuisine. Composter c’est suivre une recette et incorporer des ingrédients en quantité équilibrée pour obtenir à la fin un substrat riche et fertile. Cette recette est subtile et pour l’enseigner au plus grand nombre, les Maîtres composteurs ont vu le jour au début des années 2000.

Dans la nature et plus particulièrement en forêt, le compost se crée tout seul. Tous les végétaux et animaux morts se décomposent petit à petit pour se transformer en humus. Cet humus très riche en matières organiques est ensuite utilisé par les végétaux pour grandir et produire des fruits qui seront eux-mêmes consommés par la faune. Ce processus naturel rentre dans le cycle écologique de la forêt. L’équilibre se crée naturellement, car les éléments s’y trouvent en quantité suffisante et les organismes intervenant dans le processus de décomposition (bactéries, spores, champignons, crustacés (cloporte), vers et autres insectes saprophages (se nourrissant de végétaux en décomposition) s’y trouvent naturellement en grande quantité.

Dès que l’on sort de la forêt, ce processus naturel ne se fait plus systématiquement. Il faut savoir qu’en moyenne le sol perd naturellement 2 à 3% de matières organiques et là où la nature ne peut plus suivre son cycle (comme en ville, dans nos jardins, mais aussi dans les champs cultivés), c’est à l’homme d’entretenir le sol ;

Avec le compost on va redécouvrir qu’au jardin il n’y a pas de déchets, mais que des ressources (les feuilles mortes, les tontes de pelouses, les tailles des haies et des arbres) et que dans notre cuisine les épluchures que nous mettions instinctivement à la poubelle sont en fait des ressources organiques précieuses qu’il est important de valoriser via le compostage.

Et oui le compost est un engrais naturel et gratuit et c’est l’élément de base pour constituer un bon sol… Alors, pourquoi s’en priver…

Pour faire un bon compost…

Il faut comprendre comment le processus de décomposition fonctionne et recréer dans son jardin ou à la maison (avec un lombricomposteur) le même environnement favorable à la décomposition des végétaux.

Un bon compost est obtenu par le mélange de matières azotées (matières vertes) et de matières carbonées (matières brunes). En suite des bactéries alimentées par l’oxygène vont commencer la dégradation des matières organiques fraîches. Ce processus de dégradation aérobie va entraîner sous l’action des bactéries une augmentation de la température à l’intérieur du compost c’est la phase mésophile. Cette température va monter jusqu’à 50 à 70°C sous l’action des bactéries (elle peut monter jusqu’à plus de 80° dans les composts de plusieurs mètres cubes). Lorsqu’on atteint de telles températures, l’action des bactéries sur les matières organiques est la plus rapide. Dans la zone la plus chaude, les germes de maladies et les graines d’adventices sont neutralisés, on est entré dans la phase thermophile. Passé cette étape de dégradation, la température du compost va redescendre entre 35 et 45°C c’est la phase de refroidissement. C’est à ce stade que les champignons vont faire leur retour au sein du compost (ils avaient été détruits lors de la période de fortes températures). Commencera alors la phase de maturation. C’est à cette phase que le compost va être colonisé par des macros organisme comme les vers de terre, les cloportes… ainsi que de champignons qui vont tous contribuer à transformer la matière organique décomposée en humus.

La présence de Vers, de cloporte et de limaces voire de larves de mouches noires Soldats est un très bon indicateur qualitatif. En effet au stade de maturation, un compost doit être vivant et être colonisé. Si ce n’est pas le cas, c’est que quelque chose ne va pas et il faut remédier au problème sous peine de voir arriver de mauvaises odeurs, car alors votre compost va se mettre à pourrir.

Petit conseil en passant concernant les limaces : oui ce petit gastéropode adore les végétaux en décomposition donc il affectionne particulièrement les composteurs, donc si vous en avez dans votre jardin alors mettez-les dans le compost elles y trouveront toute la nourriture qu’elles voudront et épargneront un peu vos jeunes plants.

Maintenant que l’on en sait un peu plus sur le cycle de décomposition, voyons quels sont les facteurs à bien prendre en compte pour réussir son compost.

Le composteur :

Bac à compost

Il n’y a pas de règles, on peut faire du compost dans n’importe quoi et n’importe où. Il peut être à l’air libre au fond du jardin en tas ou bien dans des composteurs en bois ou PVC acheter dans le commerce ou fabriqué soi-même avec des palettes. L’important est que le composteur soit bien aéré et qu’il soit posé à même le sol afin que les bactéries, champignons et macro-organismes puissent le coloniser facilement (ne surtout pas prendre un composteur fermé ou le poser sur une dalle en béton.). Il est préférable de couvrir le compost pour éviter qu’il ne soit lessivé par les pluies (surtout en hiver et au printemps). Silot à compostIl est toujours recommandé d’avoir au minimum 2 bacs de compostage, l’idéal étant 3, un pour la collecte et la première phase de fermentation, un second dans lequel le compost sera transféré pour la phase de maturation et un troisième pour y stocker des matières carbonées (matières brunes) qui permettront d’équilibrer le compost.

L’emplacement :

L’idéal est de placer son composteur à l’ombre, trop au soleil, le compost pourrait s’assécher rapidement. Il faut qu’il soit facile d’accès pour pouvoir aisément l’alimenter et le mélanger.

L’aération :

Le compostage est un processus aérobie c’est-à-dire qu’il a besoin d’oxygène pour fonctionner. L’oxygène est indispensable pour les bactéries qui sont responsables de la décomposition des matières organiques. Plus les matières organiques vont se décomposer, plus le tas de compost va se tasser et plus l’oxygène va se raréfier faisant mourir les bactéries ce qui arrêterait le processus de décomposition. Un compost anaérobie est la cause d’une fermentation excessive et malodorante. C’est pour cela qu’il est indispensable de mélanger régulièrement le compost afin de garder une bonne oxygénation du substrat. Si vous commencez un nouveau bac, il est conseillé de commencer le mélange du compost après quelques semaines le temps que le processus de fermentation et la montée en température se fassent correctement. Ensuite un mélange une fois par semaine est suffisant (mélanger trop souvent le compost pourrait faire descendre la température et perturber la prolifération des bactéries.)

L’humidité :

Le compost doit toujours rester humide, mais jamais trop. Un compost qui deviendrait trop sec ferait mourir les bactéries et trop humide également (plus il y a d’eau moins il y a d’oxygène, et par conséquent les bactéries aérobies meurent au profit de bactéries anaérobies qui sont responsables des mauvaises odeurs). Pour savoir si un compost est correctement humidifié, il suffit de presser dans sa main une poignée de compost et si quelques gouttes perlent du substrat l’humidité est bonne. Un compost trop sec fera apparaître des filaments blancs (des champignons), si cela arrivait, il suffit d’arroser le compost pour l’humidifier à nouveau (c’est souvent une opération à faire en été par forte chaleur).

L’équilibre Azote Carbone :

Nous l’avons vu plus haut dans l’article, le compost est un savant équilibre, d’eau, d’air, de bactéries et de narco-organisme, mais aussi d’un équilibre entre azote et carbone. Les éléments chimiques carbonés seront utilisés par les organismes (les bactéries) comme source d’énergie qui donnera du CO2 et de la chaleur. Ces mêmes organismes utiliseront l’azote pour se développer et grandir. Ces matières carbonées ne suffisent pas à elles seules pour obtenir un compost rapide et de bonne qualité, en effet les bactéries et autres macro-organismes ont également besoin de protéines et de sucre qu’ils trouveront dans les produits azotés. De plus, les matières azotées sont pour la plupart pleines d’eau (jusqu’à 80%) et on l’a vu un compost trop humide favoriserait les bactéries anaérobies, ce qui provoquerait de mauvaises odeurs. Le mélange Azote Carbone est donc un élément déterminant pour obtenir un bon compost. En pratique on dit qu’il faut une à deux parts de matières azotées pour une part de matière carbone. Ce ratio est facile à mettre en œuvre au niveau du composteur et permet d’éviter les problèmes liés au déséquilibre Azote/Carbone.

Pour finir sur les matières carbonées et les matières azotées, voyons de quoi parle-t-on :

Les matières carbonées sont toutes les matières mortes (elles ne contiennent plus d’azote) ce sont les feuilles mortes, le foin, la paille, les branches mortes, broyats et sciures de bois, etc… Ces matières ne contiennent plus d’eau, elles sont aussi appelées matières sèches.

Les matières azotées sont a contrario toutes les légumes et végétaux frais, les tontes de pelouse, les feuillages verts, les restes de cultures (encore vert).

Et on y met quoi dans le compost ?

Maintenant que nous avons vu comment fonctionnait un compost, voyons ce que nous pouvons y mettre et ce qui est fortement déconseillé d’y mettre.

En théorie tous les produits organiques naturels se compostent, mais dans la pratique certains éléments sont à proscrire pour éviter des désagréments olfactifs ou sanitaires.

Surtout si votre composteur est en milieu urbain et de surcroît s’il est collectif, il faut absolument interdire les choses suivantes :

Éléments à proscrire Risques liés
Viandes et poissons attirent les rats / fouines / renards
Litières et excréments d’animaux domestiques Contamination biologique
Mouchoirs usagés Contamination biologique
Les plastiques et emballages plastiques même dits biodégradables ou compostables Le plastique ne se décompose pas. Les plastiques dits biodégradables ou compostables ne sont pas prévus pour des composteurs individuels.
Les plantes malades (ex: Mildiou) Le compostage individuel ne permet pas de se débarrasser totalement des agents pathogènes. Le risque est de propager la maladie sur les cultures à venir.
Les plantes en graines (adventices et autres) Idem que pour les plantes malades, les graines ne peuvent pas être complètement détruites dans un composteur individuel, le risque est de resemer les graines avec le compost.
Les noyaux de fruits Les gros noyaux comme les avocats, les mangues, les pêches se décomposent très très lentement (plusieurs années) il ne faut pas les mettre au compost sous peine de devoir faire le tri au moment de la récolte du compost
La terre, le sable et la cendre de charbon Ce ne sont pas des matières organiques décomposables.
Gros bois, le bois traité, bois exotique Ils ne se décomposeront pas ou très lentement (plusieurs années)
Taille de thuyas et autres conifères Le bois de thuya contient des terpènes. Or ces composés sont toxiques pour les autres plantes s’ils viennent en contact avec leurs racines.

Éléments à éviter inconvénients
Les agrumes Les agrumes se décomposent lentement et surtout la composition chimique des agrumes est légèrement bactéricide et donc a tendance à ralentir le compostage. Une trop grande quantité d’agrumes incorporée dans le compost au même moment (entre novembre et février) entraînerait un déséquilibre massif du compost. Les agrumes sont à limiter, mais pas à interdire.
Les oignons et ails Les propriétés fongicides de l’ail et vermifuge de l’oignon ne sont pas les plus recommandées dans un composteur. À limiter, mais pas à interdire. Attention toutefois à couper les oignons en morceaux pour éviter qu’ils ne germent à l’intérieur du compost.
Les pommes de terre. Elles doivent être coupées en petits morceaux pour éviter qu’elles ne germent à l’intérieur du compost.

Les fruits exotiques :

On entend souvent que les fruits exotiques ne se décomposent pas correctement. Ce sont là aussi des idées reçues, comme tous les végétaux ils se décomposent de la même façon, le seul truc est qu’ils ont le plus souvent une peau très dure qui se décompose beaucoup plus lentement que les autres végétaux du jardin ou de la cuisine. On peut très bien les mettre au compost, mais il faut veiller à les couper en petits morceaux pour faciliter leur décomposition.

D’une manière générale, il est utile de réduire la taille des déchets que l’on met au compost. Plus la matière est petite, plus elle se décomposera vite.

Une fois passé en revue les exceptions, tout ce compost. On peut y mettre aussi les cartons (si possible les cartons bruts même si les couleurs sont maintenant faites avec des peintures végétales). Le carton dit être coupé en morceaux pour s’incorporer facilement dans le compost.

Et maintenant, en combien de temps peut-on espérer récolter notre compost ?

Déjà tout dépend de la saison, au printemps et en été le compost mûrira plus vite qu’à l’automne et en hiver. On peut compter de 3 à 6 mois au printemps/été et de 6 à 9 à l’automne/hiver (en respectant les équilibres et l’apport d’oxygène régulier).

Comment savoir si le compost est prêt à être récolté :

  • Lorsqu’on le presse, il n’y a plus d’eau qui s’échappe.
  • Il doit être friable, mais pas sec
  • Surtout il doit sentir la forêt.

Pour un potager il est toujours possible de récolter le compost avant sa maturité complète et de l’épandre sur les zones de culture alors que le processus de maturation n’est pas terminé. Cette technique est bénéfique pour le sol, car elle le nourrira plus en profondeur. Il est également possible de faire du compostage de surface directement sous le paillage.

Voilà vous savez maintenant comment fonctionne le compost, ce qu’il faut y mettre et ce qu’il ne faut pas y mettre. Maintenant lorsque vous déposerez vos épluchures et autres déchets verts dans les bacs de la parcelle, vous pourrez imaginer la myriade de micro et macro-organismes qui vont s’affairer sur ces déchets pour produit pour nous un engrais biologique et gratuit que nous utiliserons sur la parcelle d’ici quelques mois.

Si vous avez d’autres questions sur le compost n’hésitez pas à passer sur la parcelle, nous serons ravis de vous donner nos conseils et notre expérience sur le compostage.

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